1 septembre 2025 - Commentaires fermés sur Journée 5 : Aïkido et Zen sont indissolublement liés

Journée 5 : Aïkido et Zen sont indissolublement liés

Cet énoncé paraît certainement étrange aujourd’hui à beaucoup de pratiquants, pour lesquels l’immobilité tranquille de Zazen et la nécessaire efficacité mobile de l’action martiale n’appartiennent pas au même champ de travail ou d’expérience, et ne concerne donc pas, en dernier ressort, les mêmes personnes.

A chacun son champ, pensent-ils…, faute de voir et surtout d’expérimenter, la cohérence et la force de l’éducation complète du Budo, qui ne les sépare pas.

Cet héritage est au cœur de l’enseignement donné à Ty-Anna.

Nous allons écouter, au sujet de cette éducation du Budo, quelques textes de Taisen Deshimaru, le moine Zen Soto qui a introduit le Zen en France dans les années 70. Ils sont tirés d’un « petit livre rouge », chez Albin Michel, dans la collection « Spiritualités vivantes », intitulé « Zen et Arts Martiaux ».

Deshimaru a reçu son éducation d’un maître Zen itinérant Kôdô Sawaki (1880-1960), qui enseignait souvent à des budokas de haut rang, des 9ème et 10ème dan de Kendo, de Iaïdo, de Karaté… Deshimaru, pratiquant modeste de Budo, comme tout jeune Japonais de cette époque, l’accompagnait à ces sessions. C’est de là que procède ce livre sur le lien entre le Zen et les Arts Martiaux.

En voici quelques passages :

Secret du Budo, secret du Zen

Un jour, un samouraî, grand maître de Kendo, voulut obtenir le secret de l’escrime. C’était durant l’ère des Tokugawa. A minuit, il alla au sanctuaire de Kamakura, gravit les nombreuses marches qui y menaient et rendit grâce à Hachinam. Au Japon, Hachinam est un grand bodhisattva, devenu le protecteur du BudoIl lui rendit grâce. En redescendant les marches, il sentit, sous un grand arbre, la présence d’un monstre en face de lui. Par intuition, il dégaina son sabre en un instant et le tua. Le sang jaillit et s’écoula sur le sol. Il l’avait tué inconsciemment. Hachinam ne lui avait pas livré le secret du Budo, mais grâce à cette expérience, sur le chemin du retour, il le comprit.

L’intuition et l’action doivent jaillir en même temps : il ne peut y avoir de pensées dans la pratique du Budo. Il n’y a pas une seule seconde pour penser. Quand on agit, l’intention et l’action doivent être simultanées. Si l’on se dit : « le monstre est là, comment le tuer ? », si l’on hésite, seul le cerveau frontal entre en action. Or, cerveau frontal thalamus (cerveau profond) et action doivent coïncider, au même instant, identiques.  De même que le reflet de la lune sur le cours d’eau ne reste pas, alors que la lune, elle, brille et ne bouge pas. C’est la conscience hishiryo.

Quand je dis durant le zazen, « pas bouger », cela signifie en fait ne pas rester sur une pensée, laisser passer les pensées. Demeurer en parfaite stabilité signifie en fait ne pas demeurer. Ne pas bouger signifie en fait bouger, ne pas dormir. C’est comme une toupie qui tourne : on la croit immobile, elle est en fait en pleine action. Ainsi, cette « tranquillité » dans le mouvement est-elle le secret du Kendo, la voie de l’épée. Et aussi le secret du Budo et du Zen qui ont même goût.

Cet esprit est le même dans tous les arts martiaux, quelles que soient les différences tactiques et techniques (…)

Diriger l’esprit

Comment diriger notre esprit ? Cela relève du Zen et non plus de la technique des arts martiaux. Les arts martiaux plus le Zen forment le Budo japonais.

Comment éduquer notre esprit et apprendre à le diriger ?

Kodo Sawaki parlait du Kyu Shin Ryu, l’art de diriger l’esprit, dans un texte transmis par cette école, dont un chapitre traite de l’esprit tranquille. En voici un passage :

« Il n’y a pas d’ennemi.

L’esprit est sans forme (mais parfois il peut en avoir une, c’est identique en zazen !)

Parfois, on peut saisir notre esprit, mais parfois c’est impossible.

Quand l’activité de l’esprit remplit le cosmos, qui est l’espace entre la terre et le ciel, et quand nous pouvons saisir la chance qui se présente, alors nous pouvons disposer de tous les événements changeants, éviter tous les accidents et attaquer les dix mille choses en une seule »

Dans un autre texte traditionnel dont se servait Kodo Sawaki, le Genjo Koan, il est dit :

« Quand un homme s’éloigne en barque du rivage, il s’imagine que le rivage est en mouvement. Mais s’il abaisse son regard, tout près de son embarcation, il se rend compte que c’est elle qui se déplace. » En fait, si nous regardons attentivement, intimement, à l’intérieur de notre barque, on peut comprendre que c’est la barque qui se déplace et dépasser l’illusion des sens. Ainsi, quand les gens considèrent tous les phénomènes de toutes les existences à travers leurs illusions et leurs erreurs, ils peuvent se tromper et penser que leur nature originelle est dépendante et mobile. Mais, s’ils deviennent intimes avec leur véritable esprit, et s’ils reviennent à leur nature originelle, , alors ils comprennent que tous les phénomènes, toutes les existences sont en eux-mêmes, et qu’il en est de même pour tous les êtres.

Normalisation du système nerveux en zazen

Quelle est la condition naturelle du muscle ?  Ce n’est ni la contraction ni le relâchement, mais l’équilibre intermédiaire qui permet à son tour l’équilibre du système nerveux et du cerveau. Nous sommes dirigés par une double organisation des nerfs : d’une part, le système cérébro-spinal ou système volontaire, relié au cortex et au mental, et le système neuro-végétatif relié aux centres internes du cerveau, ou système nerveux autonome, appelé ainsi parce qu’on ne peut agir sur lui consciemment, qui contrôle et actionne les différente nécessité biologiques : régulation émotionnelle, régulation thermique, métabolisme, glandes endocrines, digestion, sommeil.

Zazen régularise ce système autonome : son équilibre est la condition de santé du corps et de l’esprit.

Sur la peur… A-t-on peur par manque de ki ?

Oui ! Il n’y a aucune raison d’avoir peur de quoi que ce soit. Ceux qui ont peur sont trop égoïstes, ne pensent qu’à eux-mêmes. Il faut abandonner son ego, alors la peur disparaît. Quand vous allez toujours contre, la peur survient. Même dans un combat, il faut avoir la même xconscience que son adversaire et ne pas aller contre, mais avec. C’est un grand koan.

Il faut devenir la situation et ne pas se distancier d’elle. Un être égoïste ne pourra jamais être brave, jamais. La vraie éducation des art martiaux renforce le ki, détruit l’égoïsme et la peur, fait abandonner l’esprit dualiste et développe la conscience « mushin », qui s’oublie soi-même.

Le principe/pilier du jour :                      la spirale

Le cœur du jour :                                       Xu  Shin :      Humilité

La qualité de mouvement                      Ziran :           Naturel

                                                                      Zhan :            Déployé

Les mots du poète   ... et les dernières définitions poétiques :

                                                                      « L’Aïkido est la montagne

                                                                                  Sur laquelle on s’exerce

                                                                                              Au détachement dans la pratique

                                                                      Et du haut de laquelle

                                                                                  On s’éveille à la vacuité »

                                        « L’Aïkido est une alchimie qui transforme l’affrontement en rencontre »

                                                                      « L’Aïkido est une manière de contemplation du monde »

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