10 septembre 2025 - Commentaires fermés sur Journée 2 : la réponse de Koichi Tohei

Journée 2 : la réponse de Koichi Tohei

2ème jour : Qu’est-ce que l’Aïkido : la réponse de Koichi Tohei

« Enseigner Aïkido, c’est d’abord enseigner les principes du Ki, puis enseigner l’application de ces principes dans le mouvement »

Koichi Tohei

Au début de la transmission de l’Aïkido aux Occidentaux (aux Américains, pour être précis), il est apparue à K. Tohei la nécessité de donner comme un enseignement à part entière « le Ki » que personne ne comprenait autour de lui.

Il faut dire qu’il opérait aux USA, c’est-à-dire aux confins de la modernité occidentale, dans une société qui ne reconnait que ce qu’elle voit et idolâtre la puissance et le rapport de force.

Il a donc commencé par s’affirmer « par la force », et tout cas en mettant en scène la puissance d’Aïki en affrontant sur un ring quatre champions de judo tour à tour, devant un public nombreux, réuni pour l’occasion.

Sa réputation assise, il put créer la Ki Society, et entreprit d’enseigner le Ki en préalable à l’Aïkido formel.

Deux livres ont été écrits à l’époque, traduits et publiés chez Trédaniel en France :

  • Le livre du Ki
  • Le Ki dans la vie quotidienne

pour disséminer son « Aïkido avec l’Esprit et le Corps coordonnés », qu’il décrit avec cette mention : « Comment utiliser le Ki pour révéler les pouvoirs innés de l’Homme ».

Notez que l’enseignement de Michel Soulenq était étroitement lié, au début tout au moins, à cette posture, et c’’est pourquoi son mouvement s’est appelé GCERCCE, Groupe Culturel d’Etude et de Recherche sur la Coordination Corps-Esprit.

Nous pratiquions au début des cours Ki-méditation et Ki-respiration tels que les décrit K . Tohei, ainsi que divers exercices de coordination, avec en prime les « tests de coordination » que M.Soulenq nous démontrait, y compris parfois sur scène lors des galas d’Arts Martiaux.

On peut donc dire que l’Aïkido d’alors incorporait le Qi Qong, qui signifie littéralement « Exercices de Ki », qui n’est apparu que plus tard en France.

Comme on le notait hier, petit à petit, l’Aïkido s’est réduit à une pratique de « formes canoniques », libellées, décrites (puis filmées) exécutées de manière plus ou moins spectaculaire, jusqu’à ne voir dans l’éducation par l’Aïkido que la maîtrise d’une gestuelle purement corporelle.

Cette réduction est vue comme une erreur par K. Tohei qui la perçoit dès l’origine comme une conséquence de l’occidentalisation d’Aïkido.

Face à cela, il a tenté de définir et d’enseigner quatre principes fondamentaux pour unifier l’Esprit et le Corps

  • Garder le point unique
  • Se relaxer complètement
  • Garder le poids en dessous
  • Etendre le Ki

On pourrait donc dire , comme on le fait parfois en Taichi, que si ces principes échappent, « il n’y a pas Aïki » ou s’ils sont présents « il y a Aïki », et qu’éduquer les élèves à percevoir la différence entre les deux attitudes est une éducation fondamentale dans la pratique d’Aïkido.

C’est à l’enseignant de veiller à porter cet apprentissage lors de l’étude des formes, que ne sont que support d'enseignement.

                                                                     

Voici quelques extraits de l'ouvrage « Le Ki dans la vie quotidienne », référence des propos ci-dessus sur l’enseignement de Koichi Tohei :

Son enseignement :

« Avant d’unifier notre esprit et notre corps, donnés par l’univers, nous devons clarifier l’univers lui-même, ou plutôt les principes du Ki de l’univers.

J’enseigne d’abord les principes du Ki dans la Ki Society (Shin Shin  Totsu Do) et ensuite l’Aïkido avec l’Esprit et le Corps coordonnés comme une application de ces principes.

Originairement, Aïkido signifie la voie de l’harmonie avec le Ki, le Ki de l’univers.

Cependant, les gens pensent de façon erronée que Aïkido signifie la voie de l’harmonie avec le Ki des autres. C’est pourquoi ils ne parviennent pas à comprendre son essence et oublient les principes du Ki et ceux de la coordination de l’Esprit et du Corps.

Afin d’éviter la confusion, je l’ai appelé Aïkido avec l’Esprit et le Corps coordonné (Shin Shin  Totsu Aïkido), bien que ce soit un pléonasme. A proprement parler, il n’y a pas d’Aïkido sans principe du Ki.

Quelques éléments pour évoquer le Ki  (pp 18-19)

Nos vies sont une partie du Ki universel, enclose dans la chair de nos corps. Bien que nous disions que cela est « je », vu avec les yeux de l’Esprit, c’est en réalité le Ki de l’univers. Quand nous respirons, nous inspirons le Ki de l’univers avec notre corps entier. Quand la confluence de notre ki et du ki de l’univers est inaltérée, nous sommes en bonne santé et pleins d’entrain.

Dans l’entraînement du Ki, nous pratiquons toujours l’extension du Ki, parce qu’en faisant ainsi, le Ki de l’univers peut entrer dans nos corps et améliorer la confluence entre les deux.

Notre ki est une partie de l’Univers et nos corps sont les vaisseaux pour protéger le Ki.

L’Esprit est cette chose qui nous est donnée par l’Univers avec laquelle nous devons protéger et soumettre le vaisseau charnel, et inciter et contrôler l’échange de notre ki avec celui de l’Univers.

L’esprit meut le corps (p 28)

« Parce que l’esprit contrôle le corps, il ne devient pas nécessairement vieux à mesure que le corps vieillit.

Les gens qui, bien que vieux, sont encore vifs et en bonne santé, sont toujours des gens qui ont un esprit fort et profond. Si vous maintenez résolument l’attitude que bien que le corps soit malade, l’esprit n’a nul besoin de l’être, et même si le corps va mal, l’esprit n’ pas à le suivre dans cette voie, vous serez toujours à même de vaincre  n’importe quelle maladie ou difficulté. »

Les quatre principes pour unifier l’Esprit et le Corps  (pp 26)

Premier principe : Garder le point (pp 37)

Ce point qui se trouve environ six centimètres au-dessous du nombril, je l’ai appelé « seika no itten », c-à-d « point dans le bas de l’abdomen ».

En concentrant notre esprit sur ce point, nous pouvons développer un bas de l’abdomen puissant. Nous appelons ce procédé de concentration submerger le ki, ou concentrer le ki dans le point du bas de l’abdomen. Du point de vue des règles concernant le corps seul, ce point est l’endroit où le poids de la partie supérieure du corps doit être. Du point de vue de la loi spirituelle, c’est aussi l’endroit où l’esprit doit être concentré. C’est un point de jonction pour l’esprit et le corps.

Une fois que vous l’aurez maîtrisé convenablement, vous serez capable pour la première fois d’unifier votre esprit et votre corps, et en maintenant toujours le point, vous serez capable d’agir avec un esprit et un corps unifiés.

Le point est réellement la clé dans l’unification de l’esprit et du corps.

Deuxième principe : Se relaxer complètement (p 44)

Se relaxer complètement signifie être à l’aise et laisser les choses dans leur condition naturelle.

Nous pouvons nous relaxer si nous pouvons faire que les choses s’établissent à leur propre place.

La place propre pour le haut du corps est le point dans le bas de l’abdomen. Trouvez d’abord ce lieu, le point où le poids du corps doit s’installer.

Etablissez-le là et détendez la partie supérieure du corps, et le poids de toutes les autres parties du corps s’établiront à leur place propre pour un été de relaxation totale.

Troisième principe : Garder le poids en dessous (p 47)

Le poids de chaque objet s’établit naturellement à son point le plus bas. Etant donné que le corps est un objet, s’il se relaxe complètement, le poids de chaque partie doit naturellement être établie au point le plus bas.

Le calme vivant est un état où le poids d’un objet s’établit naturellement en-dessous. Aussi si un homme se relaxe complètement, il peut tourjours rester calme.

Quatrième principe : Etendre le Ki  (p 51 )

Quand nous abritons une partie du ki de l’univers dans notre corps, en échange avec le ki de l’univers, nous sommes vivants.  Quand nous étendons le ki, un nouvel approvisionnement de ki afflue dans notre corps et l’échange est amélioré. C’est notre état naturel. Que nous gardions le point, nous détendions, ou gardions le poids au-dessous, c’est le même état dans lequel le ki s’étend.

Les quatre principes ne peuvent être séparés : si l’on satisfait à l’un d’eux, les trois autres seront naturellement maintenus. Si l’un d’eux est perdu, les trois autres le sont aussi.

Les premier et quatrième principes sont des principes de l’Esprit ;

Les deuxième et troisième sont des principes du Corps.

Le principe/pilier du jour :          la Non-Séparation

Le cœur du jour :                           Zi Shin : la confiance (cum fides : avec la foi... en cet invisible lien)

La qualité de mouvement :            He :   relié


Les mots du poète :                                 

« En quelque point où nous serons,
Ici, là-bas, autre part sans cesse
Mais toujours là,
Partout nous habiterons le centre.
Ce centre qui est vivre avec justesse.

  C'est sur le tatami
  A l’issue d’un détour virtuel vers l’Orient,
Et par cet apprentissage du goût et du lieu de notre propre source,
Que surgira en nous ce jaillissement de vivre,
Cette jubilation du centre et de l’équilibre
Que procure le sentiment d'avoir trouvé la place exacte

                        L’essence de l’Aïkido, devenue nôtre en Occident,
Porte dans l’épaisseur de sa pratique
Comme une manière de voir,
Un rapport au monde qui, pour nous, semble adéquat...

Un placement juste.

Published by: admin in Non classé

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